Cadre général de la gestion de projet web

le 2 Mars 2010, par Stéphane

Quelques réflexions complémentaires aux slides pour bien appréhender le cadre général d'un projet web.

Un projet n'est pas qu'un enchaînement d'étapes

C'est aussi une aventure humaine. Cette aventure a souvent commencé avant que le chef de projet de l'agence n'intervienne : depuis des mois, le chef de projet client vend son idée, mobilise des ressources, prépare son appel d'offres... Les résultats de cette aventure auront donc un impact direct sur sa carrière. S'il réussi, ce sera un tremplin ; s'il échoue... Du côté de l'agence, un projet web est évidemment une source de revenu. Mais pas seulement. C'est aussi un argument commercial : beaucoup d'agences sont prêtes à faire du dumping tarifaire pour se "payer une belle référence". Du coup le levier de pilotage du projet ne sera pas la rentabilité. Un projet web, c'est enfin un ensemble d'obligations contractuelles. Cet aspect, toujours sous-estimé, est indissociable de la planification dans la mesure où les principaux jalons du projet correspondent aux principaux engagements contractuels et aux dates de facturation.

La réussite d'un projet repose sur une bonne communication

Le dessin humoristique contenu dans les slides résume à lui seul toute l'étendue du problème : faire en sorte que des personnes différentes exerçant des métiers différents, poursuivant des objectifs différents, réussissent à se comprendre quand ils se parlent. Tout un programme ! Par exemple, le commercial est rémunéré en fonction de son chiffre d'affaires. Mais le chef de projet web doit maîtriser la rentabilité de son projet. Deux objectifs que tout oppose et qui génèrent souvent de fortes tensions entre ces deux acteurs. Un autre exemple courant est l'opposition design / intégration. Pour le Directeur artistique, le site doit être beau. Son design doit donc être respecté au pixel près. Alors que l'intégrateur doit maîtriser le poids des pages, respecter des règles d'accessibilité, veiller à la maintenabilité du code. D'où des tensions récurrentes autour de "détails" graphiques comme les coins arrondis...

Le métier dechef de projet varie en fonction de la taille de l'agence dans laquelle il travaille

Le chef de projet web est un gentil organisateur. Il fluidifie chaque relation, négocie des compromis, temporise, cajole, supplie... pour qu'au final client, patron, équipe, partenaire, etc. soient satisfaits. Son Saint Graal est un projet sans pression ni tension. Cette base est commune à tous les chefs de projet web. Mais le quotidien varie ensuite en fonction de la taille de l’équipe qu’il gère. Dans une "grande agence", le chef de projet web gère jusqu'à 12 intervenants différents. Son métier est essentiellement centré sur la coordination des acteurs. Il planifie, reporte ou rapporte ?, compile, synthétise... sans jamais vraiment coder ou produire un livrable essentiel. Dans une "petite agence", l'équipe du chef de projet web dépasse rarement 3 personnes. Son métier est donc réparti entre des tâches organisationnelles et la production de livrables essentiels comme les spécifications, les wireframes ou les tests internes. Dans certains cas, il participe même aux développements.

Pour réussir son projet web, il faut respecter deux règles d'or : caractériser son projet et définir le levier de pilotage

"Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément." disait Nicolas Boileau-Despréaux. Il en va de même pour un projet web. Si vous maîtrisez intimement le périmètre fonctionnel et les enjeux de votre projet, alors la partie est à moitié gagnée. Si, en plus, vous avez pris le temps de définir avec votre client quel levier du triptyque Qualité-Coût-Délais sera utilisé en cas de difficulté, alors la partie est totalement gagnée. Petit aparté. La "Qualité" couvre deux dimensions : la qualité du projet (intégration valide W3C, respect des règles d'accessibilité...) et le périmètre fonctionnel (le nombre de fonctions à réaliser dans le cadre du projet).

Aucune méthode n'est parfaite

Le propre d'une méthode est de fournir un cadre rapide à comprendre et à intégrer pour améliorer la productivité. Et n'en déplaise aux ayatollahs de Scrum ou de Merise, aucune méthode n'est parfaite. Car ce qui fait la réussite d'une méthode, c'est la capacité du chef de projet à : choisir la bonne méthode ; adapter la méthode aux contraintes du projet ; mobiliser l'équipe autour de la méthode. Pour bien choisir sa méthode, il faut prendre en compte la relation entre les participants. Si cette relation est de type client/fournisseur, alors seule une méthode linéaire est envisageable (90% des cas en France). Car la nature même de la relation est basée sur un lien de subordination : "Je suis le client. Tu es le fournisseur. Donc tu exécutes mes commandes.". Dans ce cas, le client n'a par principe pas confiance. Il vérifie que ses ordres ont bien été respectés. Si la relation est de type partenaire/partenaire, alors une méthode agile est envisageable. Car la nature même de la relation est une confiance réciproque. Du coup, tous les acteurs sont tournés vers un but commun : réussir. Ils se répartissent le travail en fonction des capacités de chacun. Ils favorisent des cycles courts pour vérifier au fur et à mesure que tout avance dans le bon sens.

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