10 critères pour bien choisir son CMS

le 1 Janvier 2015, par Stéphane

La capacité des entreprises à communiquer sur le web dépend en partie d’un choix de CMS -Content Management System ou gestion de contenu- pertinent. Pour ne pas se tromper, les critères de choix doivent être correctement pondérés en fonction de la nature de chaque projet.
On distingue généralement deux grandes catégories de projets. D’une part les projets tactiques qui consistent à mettre en œuvre rapidement et à moindre coût des sites répondants à des besoins précis et relativement standards : intranet de projet, site institutionnel ou événementiel, etc. D’autre part les projets dits « d’infrastructure » visant à construire un socle technique commun à l’ensemble des projets de gestion de contenu de l’entreprise.

Les premiers sont adressés par une multitude de progiciels clefs en mains qui possèdent tous une philosophie propre et une couverture fonctionnelle très variable. Essentiellement open source, leur coût est réduit et leur mise en œuvre souvent accessible aux non informaticiens. Les seconds requièrent en revanche des compétences techniques pointus pour développer des solutions sur mesures à partir de framework techniques spécialisés.

Quelle que soit la typologie du projet, au moins dix critères doivent être pris en compte pour ne pas se tromper dans le choix du CMS. Au premier rang desquels la couverture fonctionnelle, la simplicité d'utilisation et la capacité d'intégration au système d'information de l'entreprise. Ces critères devront bien sûr être pondérés en fonction de la nature de chaque projet. Une expression du besoin très précise et une grande objectivité sont donc incontournables à ce stade.


1. Personnalisation éditoriale et fonctionnelle du front office

La personnalisation du front office consiste à créer la structure éditoriale et ajouter des modules fonctionnels spécifiques (sondages, annuaires, etc.). Ce critère ne doit pas être négligé, certaines offres étant très limitées. Ainsi, l'entreprise qui souhaite offrir une marge de manoeuvre à chaque entité (direction régionale, fonctionnelle, etc.) tout en conservant la maîtrise du graphisme et des fonctionnalités, appréciera les solutions modulaires.
Au contraire, les organisations souhaitant mettre en oeuvre rapidement une solution simple se tourneront plus volontiers vers des outils comme Wordpress.
Pour valider ce critère, il suffit de comparer la liste des besoins exprimés avec les fonctionnalités proposées par les solutions étudiées.


2. Personnalisation graphique du front office

L'architecture des templates graphiques est un point sensible car elle détermine une part importante des coûts de maintenance et d'évolution. Tous les CMS sont désormais a peut près au même niveau mais les courbes d'apprentissage sont très variables : personnaliser Wordpress est simple (nombreux templates de qualité, code basic...) alors que rentrer dans les templates Drupal demande une vrai expertise.


3. Multilinguisme

Dans le cas d'un projet international, le premier critère à prendre en compte est la capacité du CMS à gérer plusieurs langues et, dans certains cas, son aptitude à afficher des charsets particuliers (iso-2022-jp pour le Japonais, iso-8859-6 pour l'Arabe, etc.). On peut ainsi effectuer un premier tri par « défaut », certaines solutions ayant fait l'impasse sur ce point. Précisons que pour favoriser une bonne appropriation, le back office doit lui aussi être multilingue ce qui n'est pas toujours le cas...


4. Personnalisation du back office

Pour analyser le back office, il faut évaluer la finesse de gestion des droits utilisateurs et de personnalisation des workflows offerts par la solution. En pratique, deux approches se côtoient.
Certaines solutions obligent l’entreprise à s’adapter à leur logique.
C’est le cas de nombre de produits d’éditeur. Cette contrainte est souvent une occasion de structurer la démarche de gestion de contenu autour d’une logique partagée dans toute l’entreprise. Dans ce cas, il faut vérifier que la solution propose au moins deux niveaux hiérarchiques en plus de celui d'administrateur. D’autres offres laissent l’entreprise totalement libre. Elles correspondent aux projets d'infrastructure où la problématique n'est pas de publier des informations mais plutôt de partager un contenu en provenance de plusieurs entités dans le but d'augmenter la cohérence du discours et réduire les coûts. Dans ce cas, ce sont les capacités de syndication des données qui devront être analysées et l’ouverture sur les annuaires d’entreprise (LDAP notamment).


5. Plateforme technique

Ce critère, composé de nombreux sous critères comme le degré d’intégration au système d’information, la pérennité, l’ouverture, le respect des standards, le nombre de compétences sur le marché, etc. vise à choisir la plateforme technique la plus adaptée. Il est parfois inapplicable, la DSI imposant sa solution par soucis de cohérence avec le reste du SI. Dans le cas contraire, plus le projet est autonome des autres projets de l’entreprise plus il sera facile de trouver des solutions répondant précisément aux besoins, notamment parmi les CMS open source.


6. Choix de la base de données et format d'export

Plus l'information est partagée et pérenne, plus le poids de ce critère doit être important. On peut par exemple imaginer qu’un argumentaire produit est utilisé par plusieurs sites et même par des applications dédiées à la force de vente et aux téléconseillers. Pour que cela soit possible, l’entreprise doit avoir le choix de la base de données utilisée par son outil de gestion de contenu. Or, si la plupart des solutions éditeur laisse le choix, seules quelques exceptions parmi les solutions open source offrent cette possibilité. L'autre aspect à valider est la possibilité d'importer/exporter le contenu de la base dans un format pivot type XML pour faciliter la reprise de l'existant. Une fois de plus, les solutions éditeurs sont bien plus souples que les solutions open source qui ne proposent pas de fonctions d'export dignes de ce nom.


7. Capacité à monter en charge

La capacité à monter en charge est fondamental pour les sites événementiels à fort trafic qui doivent gérer un afflux massif de visiteurs sur une période très courte (le site de Roland-Garros par exemple). La plupart des CMS proposent un système de cache qui répond au problème en précalculant les pages et les stockant au format HTML. Dans ce cas, les éléments à analyser sont l'architecture du cache et ses performances réelles,via des tests de montée en charge par exemple. Dans le cas contraire, il faut s'assurer qu'un système externe peut être ajouté sans difficultés.


8. Coût de création

Le coût de création doit être évalué en regard du coût de possession. Il correspond au budget qui sera alloué à l'achat du matériel (serveur, sauvegardes, etc.), plus les coûts de licences (acquisition des logiciels, etc.) plus les coûts de développement. A ce niveau, il faut comparer la charge nécessaire à la mise en oeuvre de chaque solution ainsi que le coût des profils qui réaliseront le travail.

9. Coût de possession

On calcule le coût de possession en additionnant les coûts de licence annuels plus les coûts d'hébergement plus les coûts de maintenance (tarifs journalier moyen multiplié par la charge). L'idéal, pour bien noter ce critère, est de réaliser une projection sur 3 ans -durée de vie moyenne d'un site avant qu'il ne soit reconstruit- puis de comparer le coût moyen de chaque solution, lissé sur 3 ans.
Moins la solution est répandu plus son hébergement coûte cher. Les solutions open source réduisent drastiquement ces coûts en imposant ni redevance annuelle ni hébergement spécifique. Ainsi, Wordpress, Drupal, Joomla!, etc. sont exploitables chez de nombreux hébergeurs, y compris sur des serveurs mutualisés peu coûteux (solution largement suffisante pour de nombreux sites plaquette ou institutionnels).


10. Appropriation

Dernier critère présenté mais peut être le plus important pour les projets isolés (intranet projet, site institutionnel, etc.), « l’appropriation » évalue le risque humain lié à la mise en place du nouvel outil. En pratique, il s’agit de mesurer l’écart entre les habitudes des futurs utilisateurs et les nouveaux processus. En fonction des cultures d’entreprise, ce critère peut être LE facteur clef de succès, la bonne –ou mauvaise- volonté des utilisateurs pouvant à elle seule faire avorter ou non le projet.


En conclusion

Le choix d'un CMS est affaire de détail.
Impossible de le choisir sans une étude d'opportunité, un cahier des charges et une idée réaliste de l'organisation cible. C'est une décision qui doit associer le client interne à l'origine du besoin, la DSI et les futurs animateurs/producteurs de contenu.

Exemple de pondération de critères selon la nature du projet


CritèresSite isoléInfrastructure
1. Personnalisation éditoriale et fonctionnelle du front office31
2. Personnalisation graphique du front office31
3. Multilinguisme23
4. Personnalisation du back office13
5. Plateforme technique13
6. Choix de la base de données et format d'export13
7. Capacité à montée en charge22
8. Coût de création21
9. Coût de possession22
10. Appropriation31
Total2020


Stéphane Bordage

Article initialement paru sur ZDNet.